LE HANDICAP DES ENFANTS : HONTE AUX POLITICARDS !


LE HANDICAP DES ENFANTS : HONTE AUX POLITICARDS !

Article
Accueil AU NOM DE 100.000 CITOYENS SANS VOIX
 
| AU NOM DE 100.000 CITOYENS SANS VOIX | Santé mentale | Actualité  Vu 46990 fois
Article N°25972

LE HANDICAP DES ENFANTS : HONTE AUX POLITICARDS !

Honte aussi aux médias qui versent avec jubilation de l’huile sur le feu au lieu de mettre en exergue le vrai sujet, cornebleu de la mer molle !

Je fais partie des 85 % d’électeurs qui n’ont pas l’intention de voter pour M. E. Zemmour, donc ne me taxez pas d’entrée, noble lecteur ou lectrice, dans les fans de cet éditorialiste auto-transformé en candidat à la Présidence. Mais il faut reconnaître qu’il a l’art, sinon la manière, de soulever quantité de sujets souvent escamotés, et le handicap – surtout mental – en fait partie, dans les campagnes électorales par ailleurs soporifiques et convenues.

Il n’y a qu’à le constater dans le passé (campagne 2016/2017) : depuis la brève phrase de M. N. Sarkozy sur les handicapés français expatriés en Belgique jusqu’à la lettre ouverte circulaire sur le handicap du candidat E. Macron conclue par un magnifique « comptez sur moi » resté lettre (quasi) morte, reportez-vous aux archives de campagne 2017 de notre Collectif (https://www.tvlocale.fr/archives-100-000voix/article-adresse-a-m-macron-au-nom-de-100-000-citoyens-sans-voix-suite-a-sa-reponse-du-26-avril-2017.html?id=17815).  
Certes, au Collectif, nous nous préoccupons plutôt du sort des adultes handicapés psychiatriques à l’abandon, parce que les enfants ont (généralement) au moins la chance d’avoir des parents qui ne les abandonnent pas. Néanmoins, ces enfants seront un jour des adultes et seront naturellement confrontés à la perte de leurs parents. Ici, il faut inéluctablement faire la différence entre les handicapés physiques (moteurs et/ou sensoriels) et les handicapés psychiques, mentaux, cognitifs et les polyhandicapés. Les premiers, avec l’aide des techniques et des technologies, sont capables d’autonomie (plus ou moins assistée) et de libre-arbitre, ce dont les seconds, même en bonne condition physique (quoique rarement totale) ne disposent pas de façon stable, continue ou complète. Pour les plus sévèrement touchés, c’est une vie d’incapacité parfois totale qui se présente.
Pour les enfants, c’est pareil. On comprend bien que « l’inclusion » des enfants souffrant de handicaps physiques est question d’organisation et de technique, et forcément d’une certaine dose de psychologie. Ce n’est pas pour autant facile pour les parents. Pour les enfants souffrant d’un retard mental ou d’une forme d’autisme, ou développant des psychoses à partir de l’adolescence, c’est encore beaucoup moins évident, et c’est, nous semble-t-il, le point soulevé dans le discours zemmourien.
Ne confondez pas inclusion et droit à la différence
Plutôt que de sauter sur l’occasion pour traiter, avec une belle unanimité, de salaud ce concurrent devant des médias qui s’en délectent, les candidats (lui compris) et leurs supporters, fussent-ils anciens Premiers ministres, ministres ou députés, feraient mieux de développer en détail leur vision pour la prise en charge de ces enfants différents. L’inclusion à toute force, parfois exigée par des parents au bon sens obscurci par le déni (on peut le comprendre), ignore leur droit fondamental à être différents. N’oublions pas qu’ils n’y sont strictement pour rien. On attend des politiciens autre chose que la diatribe sur ce sujet, car les parents le savent bien : en plus d’avoir le souci d’un enfant handicapé, ils ont toutes les peines du monde à trouver, dans notre beau pays, les solutions éducatives les mieux adaptées au cas de chaque enfant, que ce soit en milieu « ordinaire », en établissement spécialisé, ou en un mix des deux, sans parler de l’angoisse de son devenir quand ils auront quitté cette terre.
Mesdames et messieurs les candidats, à vous plumes et micros : proposez ! Et tâchez d’être plus productifs et plus engagés qu’en 2017, que ce soit en ce qui concerne les enfants ou les adultes handicapés, spécialement les victimes des handicaps psychiques et mentaux. Remplacez vos cris d’orfraie par du contenu sérieux, Tonnerre de La Rochelle !

Et puisqu’on parle de psychiatrie, allez-vous vous décider à empoigner, une fois au pouvoir, le drame de la psychiatrie française[1] ? On a cru, un moment, que le pouvoir issu des urnes de 2017, supposé faire table rase des errements droite/gauche du passé, allait enfin changer les choses, s’attaquer à la pénurie organisée par la politique de rationnement en santé publique, particulièrement mentale : supprimer le numerus clausus pour la formation de médecins à diplômes français (fait, mais in extremis), stopper les fermetures de lits hospitaliers (oui dans les mots, non dans les faits surtout par manque de staff), rétablir la formation d’infirmiers en psychiatrie (trop futé pour notre bureaucratie[2]), développer la médecine de proximité (vœu pieux), alléger la bureaucratie paralysante (car, telle une mauvaise herbe vivace, elle ne s’autodétruira pas)… On a même vu la nouvelle (à l’époque) ministre en charge de la Santé reconnaître que la psychiatrie française était « paupérisée »[3], admettre dans une émission télévisée[4], les larmes aux yeux, qu’ayant découvert à son entrée en fonction l’état lamentable de cette branche, elle avait décidé de s’y attaquer : en annonçant d’abord tout début 2018[5] « un plan de douze mesures d’urgence », dont le maintien de son budget (qu’allait-il se passer, sinon ? On en frémit) puis en promulguant le 28 juin 2018 une feuille de route-plan de réforme[6] et en nommant un délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie[7]. Pas de bol, morbleu !, v’là-t-y pas que la covid débarque et qu’elle balaye cette pauvre ministre en bouc-émissaire des erreurs gouvernementales initiales face à la pandémie. Envoyée sans munition au casse-pipe de la conquête de la Mairie de Paris, le Président reconnaissant vient de lui attribuer à titre politique posthume une Légion d’Honneur en chocolat amer. Reste que depuis, même s’il y a eu l’insipide 5e Conférence Nationale du Handicap (11/02/2020)[8], il ne s’est rien passé de concret : le délégué ministériel ? Pas un mot, pas un regard, pas un sourire, cherchez sur Internet. La secrétaire d’état au handicap ? Pareil sauf pour participer à la curée anti-zemmourienne susmentionnée. Quant au ministre actuel de la Santé, après les ronds dans l’eau du « Ségur de la Santé »[9], la covid l’occupe à 99 %, ce qui, hélas, se comprend. C’est dommage, dans ce contexte, que les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie des 27 et 28 septembre 2021 aient eu aussi peu d’écho. Il faut dire que le contenu est un catalogue de bonnes intentions sur les mêmes thèmes éculés d’inclusion, de prévention, etc. C’est déjà ça, mais aux actes, palsambleu ! Tout de même un point positif (minuscule car si loin des besoins) : on annonce la création de 400 postes ETP (équivalent temps plein) en CMP et autant en CMP infanto-juvéniles sur les 2 ans à venir. Mais pour les abandonnés de la psychiatrie, ceux qui sont en « situation de non-recours », qui sont isolés dans leur famille fragilisée, à la rue ou en détention… toujours rien ! Le Président-candidat peut se flatter de son bilan pour le handicap notamment psychique, c’est plutôt un flop !

Bref, citoyennes et citoyens, on en est à peu près au même point, sinon pire car les besoins en santé mentale ne font que croître, qu’en 2017. Regardez bien les programmes avant de choisir votre bulletin en avril prochain. Méfiez-vous des « comptez sur moi » qui n’engagent que ceux qui y croient.

Capitaine Narcisse de Brissac
des Mousquetaires du Cœur
 24/01/2022
cent.mil.handicapes.psy@gmail.com
 

[2] Dont on a l’impression que les élus politiques n’ont aucune prise décisionnelle sur elle, tant elle continue à faire ce qu’elle veut à l’encontre des déclarations des premiers.
[3] Le 26 janvier 2018, la ministre de la Santé, dans un entretien au journal Le Monde livre son constat sur ce secteur, "paupérisé" et "en souffrance".
[4] Lors du débat ayant suivi le magazine Pièces à conviction (France 3) du 19/04/2019 sur l’état catastrophique de la psychiatrie.
[5] Voir note 3.
[6] Voir analyse de cette « feuille de route » en annexe 2 du document cité en note 1 : https://150000citoyens-sans-visage.smartrezo.com/img/journal/70/PDFs/DossierGA.pdf
[7] Le Pr Franck Bellivier, de l’APHP, nommé en avril 2019.
[9] Il faut être juste : quand même un petit coup de pouce aux rémunérations des soignants, qui restent si peu attractives que c’est une des causes de la pénurie.

Capitaine Narcisse de Brissac des Mousquetaires du Cœur

  • 0
    • j'aime
    • Qui aime ça ? »
  • 0
    • je n'aime pas
    • Qui n'aime pas ça ? »
  •  
 

Réagissez, commentez !

  • Aucun commentaire pour l'instant
rechercher un article, une vidéo...